RESTAURATION DU PORTRAIT D’ARLETTE
La récente restauration d’un portrait au pastel, réalisé par Paul Cuvelier, met en lumière un aspect peu connu de son œuvre, dans lequel il excellait néanmoins.
En 1953, Paul Cuvelier dessine à Mons, le portrait d’Arlette Licope, au pastel sec.
Il s’agit d’une œuvre de commande. Le commanditaire en est un commerçant de Mons, père de la jeune femme, alors âgée de 18 ans, étudiante en droit et en criminologie à l’université de Bruxelles.
Du point de vue du genre, de la technique et de l’époque, on fera directement le rapprochement avec le portrait de la communiante (voir l’article du 26 septembre 2018).
Dans l’atelier de l’artiste, Arlette est appuyée contre un meuble, et serre dans ses mains un foulard vert. On est frappé par la pose quelque peu hiératique, et même un certain mystère dans son regard. Que fixe-t-elle, au-delà de l’artiste ? A gauche, sur le mur, une banderole rouge, ornée de petites formes blanches, qui à première vue, sont des idéogrammes asiatiques. Si on regarde de plus près, on peut-être y voir des couples en train de danser… A droite, on aperçoit une partie d’un dessin accroché au mur, qui pourrait être également de Cuvelier.
Au cours des mêmes années, Arlette a également posé pour la main de la sculpture “Athikté”. Il s’agissait d’une danseuse en tutu, réalisée par René Harvent, artiste que Paul Cuvelier fréquentait [1].
Le portrait d’Arlette, décédée depuis, est actuellement en possession de sa sœur Evelyne.
Evelyne pense que l’expression à la fois lointaine et profonde du modèle, correspond bien à ce que devaient ressentir de nombreuses personnes par rapport à Arlette. Mais en elle-même, Evelyne garde le souvenir d’une grande sœur proche et bienveillante.
Avec le temps, des taches étaient apparues sur le portrait, surtout au niveau des bras, et la peinture du cadre était un peu altérée (voir la photo avant restauration). Evelyne a donc demandé à un professionnel d’entreprendre la restauration du pastel. Le restaurateur, spécialisé dans les œuvres sur papier, a expliqué que les taches sont dues à l’acidité du support de carton utilisé à l’époque. A certains endroits, la matière du pastel s’est détachée sur le verre protecteur, probablement suite à des pressions. La peinture de l’encadrement avait également subi des dommages, dus à un usage “intensif” de la nicotine dans le local où se trouvait le portrait.
La restauration a consisté à séparer l’œuvre du carton de fond (heureusement, elle était seulement collée sur les bords), et à masquer les taches du bas. On a choisi l’option de ne pas appliquer un fixatif sur le pastel, ce qui aurait pu entrainer une certaine altération des couleurs.
Le carton a été remplacé par un carton en usage actuellement, qui ne présente plus un caractère d’acidité. Le cadre d’époque a été rafraîchi et conservé (il est vraisemblable qu’il ait été choisi par l’artiste lui-même).
Nous pouvons maintenant apprécier à nouveau ce portrait dans toute sa beauté.
Denis CUVELIER
Cet article est la propriété de la Fondation Paul Cuvelier.
[1] La version finale de Athikté figure en bronze doré, dans les grands escaliers du théâtre de Mons.
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